« En 2017, l’équipe s’est formée au dépistage des violences auprès de l’équipe de la maison des femmes de Saint-Denis. À l’époque nous n’avions pas les ressources pour une prise en charge complète et globale et orientions nos patientes en fonction des situations. Cela imposait aux patientes d’aller dans des lieux différents entraînant une complexification des parcours de soins », explique Delphine Giraud. Lancé en septembre 2019, le Grenelle des violences conjugales s’est construit avec les associations, les acteurs de terrain, les victimes ainsi que toutes les administrations. Résultat ? Un plan d’action global et inédit pour lutter contre ces violences est mis en place et la Ville de Paris y apporte tout son soutien.
« L’AP-HP s’est emparée très vite du sujet et nous a aidé à développer un parcours d’accompagnement des victimes de violences au sein du centre de planification familiale et de santé sexuelle. Nous avons pu former et recruter des professionnels qualifiés et expérimentés dans ce domaine, ce qui nous permet de fournir des soins adaptés aux besoins de chaque patiente », détaille Delphine Giraud.
« L’équipe est composée de médecin-généraliste, gynécologue-obstétricien, psychiatre, infirmière, sexologue, sage-femme, aide-soignante, psychologue, assistante sociale, juriste. Dans le parcours de santé sexuelle, les femmes sont accueillies pour des consultations IVG, de contraception, et de suivi gynécologique de prévention, etc. Dans le parcours violences, elles peuvent bénéficier, en plus d’une consultation médicale, de rendez-vous avec des psychologues, travailleurs sociaux, juristes et d’une permanence policière. Un parcours personnalisé et pluriprofessionnel est ainsi coconstruit avec la personne. La véritable plus-value de notre centre, c’est ce travail d’équipe », poursuit-elle. Mais pas seulement : des travaux de rénovation du bâtiment Siredey ont été effectués, de nouveaux partenariats ont été noués avec la Ville de Paris, le monde associatif, le mécénat privé pour financer les besoins en personnel et en équipement. Un partenariat avec la Préfecture de Police et avec le commissariat du 13e arrondissement a permis d’aménager une permanence policière pour déposer plainte.
Des ateliers thérapeutiques, pour une réappropriation du corps par le yoga, la danse, le karaté, ou socio-esthétique pour faire renaître l’estime de soi se sont également montés avec l’aide d’associations. Car, « les femmes qui viennent au centre, font un véritable travail de reconstruction physique et mentale », poursuit Delphine Giraud. 162 femmes victimes de violences ont été accueillies en 2021, et 335 en 2022. La plus âgée a 74 ans et la plus jeune, 18 ans. Le travail de l’équipe de la Maison des femmes de la Pitié-Salpêtrière, se fait également hors les murs. « Nous proposons des activités de préventions au collège Camille Claudel et au collège Rodin, par exemple. Nous allons aussi au lycée Henri IV. » La Maison des femmes travaille en lien étroit avec l’ensemble des services du groupe hospitalier AP-HP Sorbonne Université et avec de nombreuses associations, réseaux de santé, Ville de Paris, Préfecture de Police. Et les projets de développement ne manquent pas, loin s’en faut. Reste donc à pérenniser les financements.